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Bestiaire de papier mâché

Bestiaire de papier mâché

La créatrice applique de la peinture bleu Klein et veille à combler tous les espaces. Pour les trophées, elle n’utilise que des peintures mates, en général du bleu, du noir ou du blanc. Sur demande, elle travaille également avec d’autres couleurs du nuancier Pantone

Dans son atelier situé au cœur de la paisible campagne beaujolaise, Marie Talalaeff façonne d’originaux trophées monochromes en papier mâché, œuvres uniques et contemporaines.

Des pinceaux rapportés de Corée du Sud, achetés aux puces locales lorsque Marie était en résidence à Séoul.
Des pinceaux rapportés de Corée du Sud, achetés aux puces locales lorsque Marie était en résidence à Séoul.

Du papier mâché plus vrai que nature

Jouxtant le salon de sa maison, l’atelier paré d’une verrière laisse entrevoir les trophées en cours de fabrication ou terminés, prêts à être expédiés. Moutons, hippopotame, mammouth laineux et bien d’autres se partagent ici la vedette. Au départ, lors de la création de ses premiers animaux en papier mâché, Marie cherchait à se rapprocher le plus possible de la réalité.

« Je cherchais à reproduire parfaitement la couleur du poil, de la fourrure, etc. Un jour, une cliente m’a commandé un homard bleu de Bretagne ; j’avais des doutes sur la couleur et je l’ai montré à ma voisine. Elle m’a demandé où il avait été pêché car elle trouvait sa taille incroyable. Elle l’avait vraiment confondu avec un vrai homard ! », raconte Marie en souriant.

Au fil du temps, les sculptures animalières de la créatrice, en couleur, plus vraies que nature, laissent place à des trophées monochromes très contemporains.

Les animaux, le thème de prédilection de Marie. Chaque animal est différent, l’attitude n’est jamais figée, le regard est unique.
Les animaux, le thème de prédilection de Marie. Chaque animal est différent, l’attitude n’est jamais figée, le regard est unique.

Pour façonner ses trophées, Marie commence par modeler la structure avec du grillage à poule. « Je fais ma forme grossièrement et je place d’abord les orbites car le regard chez un animal étant très évocateur, j’essaie de restituer l’émotion qu’il dégage. En fonction du regard, je place ensuite les oreilles, soit baissées, soit droites, il devient alors un petit animal unique. »

Après avoir réalisé la structure, la forme est recouverte d’une première couche de bandelettes de papier journal préalablement enduites de colle à papier peint. Pour créer les volumes, Marie utilise différents journaux. Un journal peu traité chimiquement se tient mieux lorsqu’on l’encolle. «Le Canard Enchaîné est parfait pour les finitions», confie-t-elle.

Dans l’atelier des « chiens têtes », les nouvelles créations en cours en grès chamotté. Au mur, un mammouth laineux, une pièce en cours de fabrication.
Dans l’atelier des « chiens têtes », les nouvelles créations en cours en grès chamotté. Au mur, un mammouth laineux, une pièce en cours de fabrication.

Entre chaque couche de papier mâché, un séchage est nécessaire, soit dans le jardin si cela est possible ou à l’intérieur sur un séchoir. « Il n’y a rien de mieux que le soleil et le vent. Ici, l’air est moins humide qu’en région parisienne où je vivais avant. Je lance toujours plusieurs pièces en même temps car il y a de longs temps de séchage à respecter. Il faut attendre que les différentes couches, environ huit, soient sèches pour obtenir un bon maintien de l’ensemble. Le temps de séchage diffère en fonction de l’épaisseur du papier. J’aime le papier mâché car rien ne se casse et tout se répare contrairement à la céramique. »

es cônes fabriqués avec du papier journal font office de laine. Pour fabriquer son papier mâché, Marie utilise surtout des bandelettes encollées. Une autre technique, qu’elle n’utilise qu’occasionnellement, consiste à mixer le papier afin d’obtenir une pâte.
Des cônes fabriqués avec du papier journal font office de laine. Pour fabriquer son papier mâché, Marie utilise surtout des bandelettes encollées. Une autre technique, qu’elle n’utilise qu’occasionnellement, consiste à mixer le papier afin d’obtenir une pâte.

Associer les matières

Lorsqu’elle crée un nouveau modèle, que le doute s’installe sur une représentation d’animal, Marie travaille le volume avec de la terre. Quand le résultat est probant, elle lance la fabrication en papier mâché. Pendant le confinement, la créatrice a consacré une partie de son temps à l’expérimentation de matières et à la création de nouvelles œuvres. « J’avais envie de faire des pièces pour l’extérieur. » Elle a créé notamment des« chiens têtes » en grès chamotté. Elle confie aimer particulièrement cette terre. « Je n’aime que la matière où je me fais mal ; en ce moment, j’essaie toutes les terres. La faïence ,par exemple , est trop douce pour moi, il me faut de la matière brute. »

Les animaux, le thème de prédilection de Marie. Chaque animal est différent, l’attitude n’est jamais figée, le regard est unique.
Les animaux, le thème de prédilection de Marie. Chaque animal est différent, l’attitude n’est jamais figée, le regard est unique.

Portrait – Marie Talalaeff, sculptrice de papier mâché

Après avoir été formée à Esmod en stylisme modélisme, Marie travaille dans l’univers du textile pendant de nombreuses années. Elle s’intéresse particulièrement au papier dès 2008. En 2010, elle commence à façonner des trophées en papier mâché. En 2012, devenue adhérente aux Ateliers d’art de France, elle se professionnalise et, la même année, elle est sélectionnée par la Korean Craft and Design Foundation et les AAF pour participer à une résidence à Séoul auprès d’une artiste coréenne qui travaille le papier traditionnel coréen. Suivront à son retour différentes expositions. En 2013, elle participe pour la première fois au salon professionnel Maison&Objet. Le succès est au rendez-vous et une cliente achète même toutes les créations de son stand.

Des bagues de traçabilité récupérées auprès d’un ancien éleveur de moutons. Marie pose une bague sur chacun de ses trophées moutons. Elle confie que lorsque son stock de bagues sera épuisé, elle arrêtera de fabriquer des moutons
Des bagues de traçabilité récupérées auprès d’un ancien éleveur de moutons. Marie pose une bague sur chacun de ses trophées moutons. Elle confie que lorsque son stock de bagues sera épuisé, elle arrêtera de fabriquer des moutons.

©REPORTAGE TEXTE & PHOTOS – CORINNE SCHANTÉ-ANGELÉ

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