Reportages

Une maison en pierre en plein coeur de Bordeaux

Une maison en pierre ancienne dans Bordeaux, avec du caractère, du volume et un bout de jardin: voilà ce que Cédric et Sandra recherchaient. Ainsi ont-ils relié deux maisons qui n’en étaient qu’une à l’origine et redonné leurs lettres de noblesse à la demeure. C’est en voyant les superbes mosaïques de l’entrée qu’ils ont eu un coup de cœur. «Nous voulions que cette maison reflète notre goût des époques passées. Le défi était de trouver des matériaux anciens et des objets ayant du vécu», raconte Sandra.

Très jolie ambiance dans la cuisine avec des meubles qui ont tous été chinés. La table de ferme vient de chez Jamal, les suspensions, le meuble d’évier à gros tiroirs et la plaque émaillée Poulain de la foire des Quinconces, l’affiche Biscotines de chez Thierry, le «Dénicheur», et les chaises bistrot Fischel d’Internet. La belle gazinière est une Lacanche couleur frangipane.
Dans l’entrée de la maison, le sol en mosaïque est une pure merveille. Datant environ de 1880, ces sols sont rares car plus onéreux que les carreaux de ciment.

Les parquets d’origine ont été restaurés, tandis que ceux du second étage ont été créés avec des lames de chêne ancien. «Nous avons cherché des dizaines de mètres linéaires d’anciennes boiseries pour les murs. Ces pépites viennent de bâtiments administratifs et d’hôtels particuliers.»

Cédric et Sandra ont opté pour un grand miroir posé à même le sol et un chandelier XXL (quartier Saint-Michel).
s Dans l’arrière-cuisine conçue comme une épicerie, on stocke les courses, les boîtes de conserve, des bouteilles…

Dans les salles de bains, les vasques sont installées sur de vieux meubles non prévus à cet effet. Dans la cuisine – une ancienne souillarde –, les meubles ont également été chinés. Certaines cloisons ont été abattues pour rendre les chambres ou le salon plus spacieux. Les façades ont été ravalées et celle du jardin a été en grande partie refaite en pierre de taille.

Un babyfoot Bonzini pour le bistrot et les parties entre amis (foire des Quinconces).
Cédric et Sandra ont reconstitué un bistrot à l’ancienne. Les tables avec leur pied en fonte proviennent de l’ancien Régent, une institution bordelaise qui a fermé depuis. Les suspensions sont des gamelles typiques des rues de Bordeaux. Chaises bistrot Fischel (Internet), affiches (Le Dénicheur).

Deux ans et demi de travaux durant lesquels on a conservé et restauré au maximum, transformé en respectant les lieux. Quant à la déco, Cédric et Sandra avancent soudés et toujours du même avis! Pour Sandra, chiner remonte à l’enfance. « J’ai suivi très tôt mes parents dans des foires à la brocante », se souvient-elle. Cédric, lui, a découvert la brocante plus récemment mais il aurait aimé connaître certaines époques passées.

Donnant sur le jardin, le grand salon accueille deux vastes canapés en cuir (Flamant). Cédric a transformé d’anciens pieds de cierge en lampes et une table haute (Jamal) en table basse. La salle à manger a été refaite en carreaux de ciment (Carrelages du Marais). La bibliothèque est un ancien meuble de pharmacie.

Fils et petit-fils de menuisiers, il a appris à travailler le bois dans l’atelier familial. Avec en lui l’amour de ce qui est bien fait et durable, il restaure depuis toujours des pièces anciennes (pieds de cierge, corniches ou sabots de porte).

Le bureau de Cédric est un cabinet de curiosités conçu autour du voyage, du muséum d’histoire naturelle et de la pharmacie. Chaque objet trouve sa place bien particulière, notamment dans les anciennes vitrines du muséum de Bordeaux. L’idée est que les choses se dévoilent petit à petit.
Une ancienne carte d’Europe (Les Hangars, chez Laurence Leglise).

Il fabrique aussi des tableaux électriques avec de vieux interrupteurs, fusibles, prises et plaques émaillées qui décorent la maison en pierre. Chaque espace est scénarisé, chaque objet ou meuble chiné est mis en scène, sans perdre de vue l’utilité des choses. «L’épicerie nous sert vraiment d’épicerie avec nos courses quotidiennes. » Rien à voir avec un musée donc.

Cédric déniche sur eBay tous ces trésors et les met en scène
Un coffre découvert dans un vide-grenier pour la modique somme de dix euros : une trouvaille!

De même, le bistrot est un vrai bistrot ancien où l’on reçoit les amis, le cabinet de curiosités un vrai bureau. À Bordeaux, Cédric et Sandra courent les brocantes. «Notre ami brocanteur Jamal, qui se trouve sur la place de l’Église, quartier Saint-Michel, est notre référence en la matière.

Dans la chambre à coucher, le lit est encadré par d’anciennes persiennes (chez Jamal) qui constituent les portes des placards. Meuble à tiroirs chiné, également chez Jamal, et cadre ovale doré (chez Rocky aux Quinconces).

Nous avons eu un coup de cœur pour cet endroit atypique. C’est un grand bazar avec un bout de jardin où les poules gambadent. On peut y boire un petit verre. Jamal a l’œil, il trouve toujours les jolies choses, miroirs, bassines en zinc, cages à oiseaux, belles pierres, vases Médicis.»

Le charme de l’ancien avec un vieux club en cuir et une baignoire à pattes de lion pour la salle de bains
Dans toute la maison, Cédric et Sandra détournent les objets et le mobilier qu’ils chinent. Une belle manière de s’approprier les choses.

Les soubassements viennent de chez Jamal, comme les meubles de salle de bains et de cuisine, l’arrière-comptoir du bistrot, les persiennes transformées en portes de placard, le billot de l’épicerie, les gamelles, les tables et les chaises de jardin… Et puis il y a la foire des Quinconces, Youssef, Christophe et Thierry «le marchand de bonheur», de fins chineurs, des antiquaires que le couple côtoie.

Dans la chambre de Luca, même goût pour les jolies choses du temps passé: une voiture, un pupitre d’écolier et un tableau de leçon de choses, Poucet et l’Écureuil, avec lequel Sandra a appris à lire au CP et qu’elle cherchait depuis des années.

Quant au jardin, il était un champ de mauvaises herbes. Seules âmes présentes, un laurier, un tilleul et une glycine. Ce fut le premier chantier en arrivant. Cédric lui a donné vie sur le papier. Ni piscine, ni pelouse, mais un jardin qui inspire la balade et la flânerie. Comme une envie de s’y perdre, de découvrir au fur et à mesure les différentes perspectives. Faire un jardin comme s’il avait toujours été là, avec des arbres et des plantes qui s’imposent. «Nous voulions un jardin à la fois anglais et toscan.

Au fond du jardin, un cabanon a été construit et aménagé pour ranger le matériel de jardin.
Dans le cabanon du fond du jardin, on trouve un présentoir à graines Le Paysan

Les vieilles pierres agrémentent l’espace, les cabanons servent à donner du rythme. » Celui du jardinier possède une collection d’outils anciens, des pots pour récolter la sève des pins et d’anciens supports à graines. On déjeune dans le patio et l’on dîne sur la terrasse, en famille avec leur fils Luca, avec des amis. Cédric et Sandra entretiennent tous les deux ce magnifique endroit. Cédric taille, Sandra désherbe et ratisse. Quand ils plantent, c’est toujours d’un commun accord.

Des pots pour recueillir la sève et de vieux outils de jardinier (chez Jamal).
Dans le patio côté rue où la famille déjeune parfois à l’ombre et en compagnie des oiseaux. Œil-de-bœuf en zinc, vasques, table et chaises chinés chez Jamal

Très peu d’essences différentes et, côté couleurs, uniquement du vert et du blanc. Seuls les érables apportent leur couleur pourpre en automne. Le jardin s’articule en son centre avec trois arbres, le Sophora japonica Pendula, les osmanthus et les pittosporum, le tout agrémenté de nombreux buis. Le lierre prédomine et enrobe généreusement les massifs. Côté fleurs, un jasmin, une glycine, des lauriers, un camélia et des hortensias. En plein Bordeaux, cette oasis de verdure apparaît comme un véritable paradis.

Les propriétaires ont chiné une ancienne serre chez Jamal, un de leurs amis brocanteurs bordelais. Ils y entreposent pots et mobilier de jardin.

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©️Texte et reportage : Marie Lacire – Photos : Corinne Schanté-Angelé

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