Reportages

À la découverte des émaux de Véronique !

Véronique travaille à la campagne dans son atelier jouxtant sa maison, une ferme du XIXe siècle. Celui-ci, éclairé par d’anciennes verrières, est installé dans une dépendance dédiée autrefois à l’élevage de poussins. C’est dans cet environnement paisible les émaux de Véronique sont créés, tournées ou parfois moulées dans des formes lorsqu’il s’agit de plats carrés ou rectangulaires.

Après une période de séchage de deux à trois jours, variable selon la température ambiante, Véronique effectue une première cuisson à 1 000 °C durant 7 à 8 heures pour obtenir un « biscuit » émaillé ensuite puis recuit à 1 300 °C pendant 10 heures. Elle fabrique elle-même les émaux. Pour l’émail à la cendre, Véronique récupère tout simplement celle-ci dans sa cheminée. «C’est une cendre de bois mélangés, le plus souvent d’érable, de bouleau, de hêtre et de charme. Je la filtre à l’aide d’un tamis pour enlever les petites impuretés et le reste de charbon. Je la mélange ensuite avec de la silice, de la chaux, de la potasse, de l’oxyde de fer, du feldspath et de l’eau. Je passe le tout dans un tamis plus fin pour obtenir mon émail.» 

Cet émail lui permet d’obtenir après cuisson une couleur blanche, mais lorsqu’elle souhaite plutôt des tonalités vertes ou bleues, elle ajoute au mélange initial de l’oxyde de cuivre ou du cobalt. Pour fabriquer le tenmoku, un émail noir, elle utilise du kaolin, de la silice, du feldspath et du sulfate de fer. Elle joue avec les superpositions du tenmoku et de l’émail à la cendre en fonction du résultat et de la dominante souhaités. Sur certaines pièces, elle réalise des réserves à la paraffine sur le tenmoku, puis trempe ses créations dans un émail blanc ou bleu. Après une cuisson au four, les dessins apparaissent sur l’émail, aux endroits où la paraffine a fondu.

« J’aime particulièrement les céramiques japonaises, elles m’inspirent. J’aime cette philosophie particulière, le wabi sabi, prônée par les Japonais qui consiste à rechercher la beauté dans l’imperfection. J’aime aussi le côté brut des céramiques traditionnelles et utilitaires de Saint- Amanden-Puisaye. Dans mon travail, après une cuisson, c’est toujours un plaisir de découvrir en ouvrant le four des petites imperfections sur mes créations auxquelles je ne m’attendais pas.» Parmi les céramistes qu’elle admire, Véronique cite Shōji Hamada, Bernard Leach et Joan Gardy Artigas, un céramiste espagnol ami de Picasso et de Miró.

«Mon grand-oncle était critique d’art et m’avait offert un livre qu’il avait écrit sur Artigas, c’est à ce moment que j’ai vraiment découvert la céramique et la beauté des formes. » Chaque pièce façonnée par Véronique est unique. Elle souhaite que celles-ci soient utilisées au quotidien: «Quand je crée mes céramiques, je me projette en imaginant le plat que je pourrais préparer dedans.» Véronique expérimente actuellement en travaillant avec du grès noir chamotté. «C’est une belle terre, à l’aspect granuleux. J’ai réalisé des pièces brutes et je fais actuellement des essais d’émaux pour étanchéiser l’intérieur des contenants. » De nouvelles belles créations en perspective !

©Reportage texte & photos : Corinne Schanté-Angelé

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